04/08: franchissement de la Kaldakvisl - Rauðholl
Première courte journée. Moins de 15 bornes...
Première grosse utilisation du raft... Expérience très moyenne...
Nouvelle improvisation d'itinéraire... Belle réussite...
Réveil toujours aussi tardif, 8h00 largement passés. Pliage et levage du camp et je suis prêt pe après 9h00. Encoer eune fois, ce ne sont pas des horaires qui permettent de couvrir de grosses distances. Déjà bien loin les jours où je marchais entre 10 et 12 heures par jour. A ma décharge, la journée d'hier est celle où j'ai couvert la plus grosse distance depuis mon départ, environ 30 km. A quoi ça sert de marcher autant une journée si le lendemain n'est pas mise à profit également.
Cette journée devrait être particulièrement moisie. Toujours du Sprengisandur tout gris, aucun objectif défini si ce n'est avancer le plus possible vers le sud ouest et a priori aucun spot digne d'intérêt de tout le trajet.
Bon, il reste tout de même un tout petit détail. Franchir la Kaldakvisl.
Je me suis pas mal entrainé avant de partir sur le miniraft... (exemple ici dans les gorges de Daluis). Mais les rivières des Alpes Maritimes n'ont rien à voir avec celle là. Eau limpide contre eau grise. Lit étroit contre lit large. Courant continu en Islande, courant alternatif à Nice.
Entrainé, oui mais pas dans les conditions de ce matin. Pluie et vent. Jamais fait de descentes avec de trop grosses charges. J'ai beaucoup réfléchi au transport de mes 20kg de matos mais jamais mis en pratique sur l'eau.
Dans la Vésubie, avec un peu de poids, tout s'était déséquilibré et m'avait mis en très grosse difficulté, descendant en chute libre tel un "zéro" canardé par papy Boyington.
Faire ses premiers pas dans la Kaldakvisl pour essayer un nouveau systême non maitrisé, je trouve que c'est plutôt gonflé, limite crétin ou inconscient mais on sait que je coupe le courant dans la boîte à idées une fois par voyage...
Je perds beaucoup de temps à tout ranger dans des sacs de compressions étanches, bien les attacher entre eux et les lier au mieux sur le raft. La stabilté n'est pas garantie si ça secoue trop mais ça n'a pas l'air bien méchant dans ce secteur.
Il est plus de 10 heures quand je fixe le casque sur la tête avec la caméra embarquée pour des images incroyables.
C'est parti...
Plutôt que de traverser directement, j'essaie de profiter de la rivière pour progresser sans me fatiguer...
Sauf que ça se passe pas trop comme prévu... Evidemment la charge se déséquilibre et je suis obligé de pagayer assez fort pour maintenir le bateau droit dans le courant. Le bras principal semble profond et son courant plutot violent. Je remplis un peu le bâteau de flotte. Ca secoue vilain. Je n'y prends aucun plaisir, voire même au contraire un peu de gaz commence à monter.... Forcément, comme dans la Vésubie, j'ai l'impression (voire même plus qu'une impression) que le miniraft se dégonfle.
Aussi, je me déporte sur un bras secondaire. Le problème, c'est qu'il n'y a quasiment plus de fond. L'eau est tellement opaque que l'on ne voit strictement rien à travers. Tout rocher ou caillou affleurant est invisible.
Régulièrement, j'accroche très fort sur des bancs de gravier, le bateau étant alors à la limite de basculer. Une fois, je m'échoue carrément sur l'un d'eux. Il se forme une vague derrière le bâteau qui le remplit encore un peu plus.
Obligé de sortir du raft pour pouvoir me remettre dans le courant.
C'est vraiment pas marrant du tout.
Finalement moins d'un km après la mise à l'eau, je me dirige vers la rive gauche pour arrêter là le massacre.
Je m'échoue piteusement une dernière fois à 10 mètres du rivage. C'est vraiment nul. Je me jette à l'eau (j'ai une combi légère sous mes vêtements) et finis la traversée en marchant et en tirant péniblement le raft à travers les graviers.
Complete Mission... Next level...
Une petite source juste au point de débarquement. Je déjeune là pendant que je dégonfle le matos et le laisse sécher.
Il est presque midi quand je m'apprêt à tout remballer et repartir. Je ne vais pas battre de record aujourd'hui de distance.
Juste avant, je vais regarder la vidéo de ce sublime moment d'anthologie bien ridicule.
Ahahaha... La caméra a tourné 40 secondes avant de s'éteindre, juste le temps de filmer le moment où je m'assois. Pas une seconde sur l'eau filmée. Le voyant de batterie indiquait une demi-charge. Après contrôle, elle indique batterie vide.
Et m...!!!
A l'arrivée, tout a été très nul. Rien n'a fonctionné correctement. Il faut que je m'améliore sérieusement avant d'envisager me lancer dans la Markarfljot.
Finalement, seul l'essentiel a fonctionné: la traversée. C'est déjà pas mal,me direz vous... Il faudra juste ajouter le plaisir la prochaine fois.
Matinée définitivement pourrie...
Essayons d'avancer...
Dernier regard sur le monstre... Pourtant, vu de là, ça semble si calme et si facile.
De retour dans les champs de lave... Vous savez quoi? je suis presque content...
C'est cette pierre tombale que je veux... Ceci réglé, il me reste à réfléchir à l'épitaphe... On verra ça plus tard si j'ai une illumination...
J'ai trop bossé aujourd'hui, petite pause...
Petit gros plan sur les godasses. N'oublions pas qu'elles sont neuves (à peine une semaine dans le désert).
Quand elles sont neuves, elles ressemblent à ça. Notez la pointe de la chaussure. la semelle est totalement détruite. Je prends appui sur la coque plastique. La chaussure est ronde à l'avant. Heureusement que je n'ai pas de glacier au programme. Les taquets pour les crampons auto sont détruits.
En face de moi les montagnes de Gjafjöll. Derrière elles, l'itinéraire prévu initialement. Je suis définitivement à la bourre.
Je dois essayer maintenant de me recoller au programme et profiter un peu de la faille Heljargja pour le plaisir de mes yeux.
Je marche dans des champs de lave de difficulté moyenne avant d'arriver au dernier sous la montagne qui évidemment est monstrueux.
Pas très large, sans doute moins de deux km, mais je n'en ai pas du tout envie. Les champs de lave, je les vomis désormais. Très tourmenté, couvert de mousse, ce sont les pires. Pas la foi.
Je vous ai parlé de ma cheville?
La pire journée... Grosse douleur d'où prise d'anti-douleur.
Je ne vais pas aller bien loin. Il faut trouver de l'eau et poser le bivouac au plus vite. Je ne suis pas du tout en forme.
Un regard vers l'ouest pour envisager un contournement du bidule qui me bloque. Je louperai la faille et la montagne, mais au moins j'irai à peu près le long d'une parallèle au parcours à 5km de celui ci.
Tiens donc, y'a l'air d'y avoir un truc étrange dans cette grisaille. Un cratère tout rouge.
Zoomons un peu pour confirmer.
C'est pas mal, dites moi...
Il faut juste se sortir de ce champ de lave.
Pas si compliqué que ça, très vieux, couvert de mousse et aplani par l'érosion.
Faire gaffe aux trous sous la mousse quand même.
Je passe à proximité d'une station météo (celle là (très intéressant comme lien, je sais))où je vois un 4*4 qui est arrivé par une piste absolument dantesque.
C'est pas forcément crétin d'utiliser cette piste plutôt que de galérer là dedans.
P... de cheville qui veut pa sme laisser tranquille.
Vous vous rappelez de Syðri-Haganga? Il commence quand même à être un peu loin...
J'arrive très vite à proximité du cratère. Grosse pause. J'enlève les chaussures pour libérer la cheville. Inquiétant un petit peu quand même que cette douleur ne veuille pas me quitter. de toute façon, une foulure, c'est 10 jours pour guérir sans marcher, alors en marchant...
Dès que je dézoome, il est moins près
Marrants ces arcs-en-ciel... Mes aurores boréales du jour à moi... on fait avec ce qu'on a, désolé...
Je vais monter en haut de ce petit cratère marrant en laissant le sac à dos. Avec un peu de hauteur, j'en profiterai en plus pour décider de mon trajet et de mon bivouac.
Je monte à peine 20 mètres dans ce délire tout rouge et découvre derrière à 2-3 km un petit étang.
C'est décidé, c'est ici l'endroit le plus beau du coin. Je reste là ce soir.
Retour au sac récupérer le matos, le ramener au centre du cratère et monter la tente. Puis aller chercher quelques litres d'eau à l'étang.
Eau plutôt pas apétissante. Limite tiédasse, des plumes et des déjections d'oiseaux en pagaille... Pour la première fois depuis longtemps en Islande, j'aurai besoin de désinfecter l'eau.
Endroit génial, nommé Rauðholl, vigie rouge au milieu du gris. Un vrai régal de balader sur le cratère.
Série de photos...
Le fameux étang vers le nord et de smontagnes inconnues au delà de la Kaldakvisl.
Vers l'ouest dans la direction prévue demain...
et là des photos tous azimuths... Un des bivouacs que j'ai préférés ("s" ou pas) cette année....
La possibilité de manger dehors ce soir, juste le temps de voir un petit grain arriver par l'est.
Ca fait plaisir de trouver un endroit aussi sympa et inattendu pour camper après les deux emplacements pas terribles de ces dernier jours.
Juste avant de fermer les yeux, une petite éclaircie. Il est tout juste 20h30. Ca c'est de la journée chargée...
Comme d'hab, les petits breaks de 22h00 et 02h00 sans intérêt. Avec du recul, je me rappelle maintenant que je commençais déjà à déclarer certains symptomes... C'est peut être pour ça que je commençais à fatiguer beaucoup.
La carte...