07/08: Landmannalaugar (Blahnukur)
Journée de repos...
Tous mes indicateurs me montrent l'intérêt de cette journée de repos.
Grâce au renoncement à mes préceptes de non intervention des motorisés au cours de mes aventures, j'ai gagné une journée sur le programme alors que j'en avais une de retard hier matin.
Il tombe des cordes ce matin et je n'ai pas envie de balader ici sous la pluie.
Je dois également consacrer du temps à la réorganisation de mon sac à dos et faire un peu de logistique.
Et pour finir ma cheville va enfin pouvoir se reposer au moins une journée. C'est insuffisant, mais ce sera la première fois en 10 jours que je laisserai souffler la bête.
Le Landmannalaugar sous la pluie, tournant en rond dans ce campement démoralisant, c'est vraiment pas marrant.
Regarder passer un groupe de cavaliers qui a l'air d'aller à l'abattoir...
Puis s'occuper du sac...
J'ai fait n'importe quoi lors de mes achats à Reykjavik et j'ai beaucoup trop de bouffe pour finir mon voyage, donc beaucoup trop de poids à porter sur mes frêles épaules.
Commencer à repréparer mes sachets de muesli/lait en poudre.
2 kg de chaque pour 12 jours, ça devrait tenir au corps...
Mettre de côté 4 jours de nourriture pour mon petit viro into Landmannalaugar, puis ramener au dépôt le reste de nourriture que je prendrai pour finir mon tour vers la mer.
En même temps, je laisse mon raft et le matos associé...
Erreur fatale...
Quoi, mais qu'est ce que c'est? et c'est pour quoi faire?
J'ai envie de descendre la Markarfljot que je réponds innocemment...
Ouille ouille ouille... Ni une ni deux, ils m'envoient directement au bureau de Landsbjorg pour leur expliquer mes projets...
Au moins ça va m'occuper 5 minutes.
Le problème avec les rangers, je l'ai signalé à Askja, c'est qu'ils n'aiment pas qu'on sorte des sentiers battus. Le reproche que je leur fais, c'est qu'ils ne sont pas de bons conseils. Ils ne connaissent pas le territoire qu'ils couvrent. Il n'y a rien à redire sur leurs compétences de secourisme ou de rapidité d'intervention, mais ils n'ont pas les connaissances locales par exemple de nos gardiens de refuge en France.
Bon, eux, ils ont le sourire en revanche... En France, ils sont généralement choisis sur la base de leur antipathie. Je crois qu'ils sont tellement amoureux de leur montagne, qu'ils ne veulent pas la partager et font la gueule dès qu'il voit un gars empiéter sur leur secteur... Je crois que je serais au moins aussi désagréable qu'eux si j'étais dans leur rôle, sauf que je ne serai jamais candidat à une activité d'accueil de ce genre.
Je pensais que les Islandais, et encore plus les locaux autour de la Markarfljot connaissaient cette rivière et en avaient une vision autre que celle que l'on en a sur la route 1.
Sur la route 1, c'est en effet un monstre terrible qui plus est renforcé dans l'imaginaire collectif par les images de ce printemps lors du Jokulhaup de l'Eyjafjallajökull.
Mais moi, c'est à sa source que je veux la descendre, là, où elle est encore toute limpide et pas forte du tout. Bien avant qu'elle ne se charge des monstrueux torrents glaciaires du Myrdalsjökull et donc de l'Eyjafjallajökull qui vont la rendre aussi puissante.
Ca ne se fait pas, me disent-ils, c'est de l'inconscience pure et simple.
Mais devant mon refus de les écouter davantage, ils prennent mon itinéraire pour ls jours à venir. Je ne leur dis pas la fin de mon projet qui consiste à terminer à la mer en naviguant sur l'Eystri-Ranga. J'ai peur qu'ils m'enferment alors.
Ils utilisent une vilaine carte au 1/300000° avec très peu d'indications pour noter l'itinéraire alors que je leur donne moultes renseignements le plus précis possiblles à partir de ma 1/50000°.
Je me dis que si je me paume et suis incapable de déclencher les secours, ils sont pas prêts de me trouver avec les notes qu'ils ont prisent. Par exemple, imaginer que je leur dis que je vais passer à Créteil mais ils n'ont que Paris sur leur carte...
Il me demandent également de revenir les voir dans trois jours quand je reviendrai de mon petit tour dans l'arrière-pays du Landmannalaugar, hors sentiers évidemment et qui ne se fait pas non plus... pffff...
Je vais ensuite au bus magique acheter un peu de nourriture fraiche, pommes et tomates et un café bien chaud...
Je bricole à gauche et à droite dans le camp quand je vois mes compagnons de baignade partir vers Frostastaðavatn tenter de pêcher deux ou trois truites.
Milieu d'après-midi, je m'emmerde sévère et décide malgré la pluie de faire un petit tour et de prendre de la hauteur pour déterminer le vallon dans lequel je monterai vers la Jokulgil quand il s'arrêtera de pleuvoir.
Une montagne bleue, le bien nommé Blahnukur (blah=bleu), domine toute la zone. D'en haut, je devrais trouver mon bonheur.
Ca m'a l'air bien raide pour y monter...
Je rentrerai par cette vallée, celle de la Jokulgil.
Début de la montée à Blahnukur
D'abord juste au-dessus de Grænagil, autre courte balade
Rapidement les vues deviennent fabuleuses, notamment vers Brennisteinsalda, montagne rouge autour de laquelle s'accumulent fumerolles et coulées de lave.
Enorme champ de lave qui domine toute la plaine de la Jokulgil (invisible sur ce plan).
La crête avec le chemin de montée au sommet. En dessous la Jokulgil et tout au loin la Tungnaa.
Direction sud où je vais me rendre demain. Il me faut trouver le chemin que je veux prendre là dedans.
Le sommet du fond, Skalli, est le point de randonnée balisée le plus éloigné du campement. Compter 5-6 heures de marche.
Sous Blahnukur, la vallée de Brandsgil et dans les tons plus rouges, Litla-Brandsgil.
J'avoue un petit faible pour ce vallon rouge.
Suite du panoramique. De la pluie et du vent, mais c'est vraiment magnifique. je lutte contre la satanée goutte d'eau sur l'objectif que tous les photographes d'Islande ont dû affronter.
J'ai du mal à choisir parmi ce florilège de couleurs.
En tout cas le sentier est plus que simple à voir (un conseil, le monter par l'est (la jokulgil) pour bénéficier de pentes un peu moins raides).
Au sommet, le panoramique est à la hauteur de mes espérances. Extraordinaire, fabuleux, y'a pas de mots...
Je me répète, le campement ressemble à un camp de réfugiés de guerre.
Encore une fois, la hauteur de la coulée de lave par rapport aux bâtiments.
A gauche la piscine...
Retournons nous vers l'innénarable...
Par rapport à la vidéo précédente, un peu sous le sommet, à l'abri de la pluie.
Sortant des roches bleues-noires, le sentier est beaucoup moins raide mais par contre devient très glissant.
Envie de remonter un petit peu dans ce vallon avant de revenir au camping. La balade se fait en deux-trois heures. J'ai encore un peu de temps devant moi avant de m'emmerder au campement.
Marcher dans ces étroits vallons, c'est vraiment particulier, complètement unique (et dire que je n'i encore rien vu)
Ne pas craindre de se mouiller les pieds...
Et hop, une montagne bleue... si vous saviez ce qui m'attend bientôt... celle ci est finalement bien fade...
Brennisteinsalda, vraiment spectaculaire... sous un déluge infernal... ambiance extra-terrestre...
La vallée de la Namskvisl au dessus de la coulée de lave de Landmannalaugar.
Retour au camp sur le sentier du Laugavegur. J'imagine le plaisir des gars qui sortent de leurs 50 bornes à l'idée de se baigner dans quelques minutes dans la piscine.
Pour moi, petit repas sous la tente. La pluie ne cesse décidément pas. J'ai remarqué que le mauvais temps se poursuit sur des cycles de trois jours. Il pleut depuis hier matin. Je suis sûr que demain dans l'après midi, le beau temps va se lever.
Vers 19h00, à la piscine. J'y retrouve mes trois lascars qui ont fait bombance au bord du lac avec une pêche plus que fructueuse.
Grosse pluie de plus en plus violente. Je suis fasciné par la lumière des véhicules qui arrivent, éclairant les brumes de vapeur sortant de la piscine. Ambiance surréaliste, magique, valant tous les montages de science fiction du cinéma.
Vers minuit, il ne reste plus que moi dans la piscine et un groupe de vieux islandais qui se mettent en cercle dans la piscine et commencent à chanter en battant la mesure avec leurs pieds tapant dans l'eau en rythme.
Ambiance, ambiance magique...
je veux aller chercher mon appareil pour filmer discrètement cet instant privilégié quand arrive un groupe de jeunes islandais bien imbibés. Le charme est rompu.
Je retourne en courant me réfugier dans mon duvet. La tente est secouée par le vent. Ca ne me dérange pas, bien au contraire, ça aide à la ventilation de ma tente et évitera de trop condenser avec cette pluie qui ne cesse de tomber de toute la nuit.
Pas de carte, elle est inutile pour une telle journée si statique...