17/08: Rauðufossar - Dalakofinn - Skiggnisvatn (sud du Laufafell)
Longtemps que j'avais envie de cette cascade...
Cascade rouge, et pas franchement verticale, plutôt sur un plan incliné. J'aime beaucoup ce type de cascades. Me viennent à l'esprit dans les alpes du sud la cascade du Laverq quand on monte aux Eaux-tortes (vallée de l'Ubaye) ou encore la cascade du Cimet vers Allos.
Réveil tranquille, une fois encore sous le soleil. Pas d'alarme dans les reins. De toute façon, ça prévient pas. Toujours une raideur dans le dos qui ne passe pas suite aux tensions dues à la douleur mais franchement rien de méchant. Dans le doute, je prends toutefois un voltarène (attitude d'hypocondrïaque... on sait jamais que ça pourrait venir... anti-inflammatoires pour prévenir, on aura tout vu).
Avant de plier la tente, je vais me promener vers la cascade pour décider de quel côté je vais monter sur la montagne. Par la rive droite, ça a l'air moins raide mais pas rigolo. Côté droit, c'est le contraire et c'est bien sûr par là que j'ai envie de passer.
A gauche sur la photo...
Donc Rauðufossar, la cascade rouge (style cascade du voile de la mariée) s'élargissant dans sa chute en de multiples filaments... J'aime beaucoup même si elle n'est pas des plus spectaculaires.
Pliage de la tente et p'tit déj... Magnifique temps. J'espère que le paysage sera la hauteur de mes espoirs. Je me suis fait parachuter un peu au hasard. Je n'ai aucune idée de ce qu'il y'a derrière ces falaises.
On va voir?
Ca y'est, maintenant, je vais longer la rivière.
Je m'étais dit qu'éventuellement je pourrais monter quelques montagnes, mais je suis devenu un grand sage. J'ai beaucoup muri ces derniers jours. Prudence, contente toi de marcher, ne force pas trop...
Longer la rivière... le lit prend cette couleur qui vaut son nom à la rivière: Rauðufossarkvisl.
Cascade à nouveau de taille moyenne... Juste au dessus la source de cette rivière, finalement très courte, moins de 10 kilomètres.
Et je vais avoir droit à un des spectacles les plus étonnants qui soient, sans doute un des plus saisissants de mon voyage.
En attendant je m'éclate dans les cailloux rouges.
Remonter au-dessus de la cascade.
Pour tomber sur une deuxième, qui incite à aller voir encore plus loin ce qu'il y'a, comme souvent en montagne,où l'on est curieux de découvrir toujours ce qui se cache après la crête qui bouche l'horizon.
Ces dépôts rougeatres me semblent être une sorte de calcite, mais y'a t-il du calcaire en Islande? J'ai des doutes... mais ces stalactites me laissent penser que je suis dans le vrai.
10 mètres après la cascade, il n'y a plus de rivière... ??? ... je finis de me hisser au-dessus et que vois-je?
Une source...
Une source d'une taille peu commune... Une faille, une anfractuosité qui s'ouvre vers les entrailles de la terre... Une bouche grande ouverte vers l'inconnu.
Je suis saisi devant une telle manifestation inattendue.
Le débit sortant de cette gueule est vraiment très puissant.
Vus le refuge sur la dernière photo sur le monticule, depuis le nord dans la Markarfljot?
A partir du refuge, j'ai envie de mettre le maximum de chemin entre lui et moi. C'est de la piste. Je suis sur du connu, où je suis passé la semaine précédente. Pas de plaisir, faut avancer. Pour la première fois depuis maintenant presque un mois, je mets mon mp3 sur les oreilles et je pars su rla piste à l'ouest du Laufafell à fond...
Magnifiques couleurs (je trouve) sur le Laufafell... Nuages s'empalant dessus comme la dernière fois sur cette montagne massive.
Carrefour avec la f210. Bifurcation de suite vers les trois lacs de Skiggnisvatn survolés en hélico sur une piste secondaire...
Trop de vent, pas assez d'abri au bord des lacs. Je descends de l'autre côté de la crête sur les rive de Hagafellkvisl, cette même rivière où s'est achevé le "vrai" voyage.
Serait ce une tentative inconsciente d'exorcisation de l'échec?
Je n'avais pas prévu du tout de finir là. C'est le hasard qui m'y a conduit (surtout mes pas).
Marrante la brutalité de transition entre la roche rouge et noire... (je vous fais grace de Jeanne Mas, ou plutôt soyons plus classe (mais je n'aurai le talent ni la force de l'écrire) de Stendhal).
J'imagine la possibilité d'une nouvelle crise de calculs...
Appellerai-je si ça m'arrive à nouveau?
Sans la pression de la douleur, je me dis que la honte, la fierté et l'orgueil m'empêcheraient d'appeler. Plutôt crever sur place désormais que de déclencher la balise.
Bon, je n'ai pas eu mal, je ne saurai pas...
Petite balade en soirée avec vue sur le Tindfjallajökull.
Ce glacier, un des trois dominant Þorsmörk (l'Eyjafjallajökull est derrière) recouvre un massif qui d'après les géologues dépassait les 3000 mètres d'altitude il y'a 8000 ans. Il n'en fait plus que 1200 aujourd'hui. Je n'ose imaginer l'extraordinaire cataclysme qui l'a fait effondrer.