31/07: Surtluflæða - Valafell (Vonarskarð)

Quand je suis en Islande, et particulièrement dans ces régions isolées en dehors de toute zone d'information, je me demande parfois quel est le cours des évènements en France. Les évènements essentiels au bon fonctionnement de notre pays et à son redressement.

Par exemple, Domenech a t-il été licencié? Nous a t-on dévoilé le lien de parenté entre Ingrid et liliane Béthancourt? Johnny est il toujours en vie?

 

Ca, c'est mon rêve, être en Islande à ce moment là... Je redoute le jour fatidique où la star des stars, celle qui par son rayonnement éclabousse le monde entier de culture française, nous quittera...

J'ai parié avec Tatiana: arrêt des programmes, même en plein cours du match capital pour la qualif entre la France et la Biélorussie... flash spécial... intervention de l'Elysée nous appelant à nous recueillir... minute de silence dans les entreprises... déclenchement des sirènes d'alarme au moment de l'enfouissement de la dépouille... je vous parle pas des programmes déplacés, des reportages sur sa vie, son oeuvre... tous les zéniths seront débaptisés pour endosser son nom.

Nous avons eu Racine, Molière, Voltaire, Hugo, Balzac, Proust, Malreaux... Il faudra sortir l'un de ces types du Panthéon pour lui céder une place entre Napoléon et le Général.

 

Pourquoi je fais des intros à chacun de mes articles? Et si j'allais à l'essentiel, surtout que c'est à chaque fois bien macabre...

Parce que cette journée est super simple. C'est tout droit. Il faut juste pas louper le pont de la Skjalafandafljot... à moins de vouloir passer très en amont sous le glacier dans les sables mouvants. Euh, non, aujourd'hui, j'ai pas envie.

 

Ici, j'entre en terrain connu, ce pont, je l'avais traversé en 2008. Quelques km au nord, la source chaude d'Hitulaug où je ne compte pas aller ce coup ci (je deviens super blasé).

Je connais et j'appréhende fort mes 15 prochaines bornes. Je sais que c'est totalement inintéressant. Au delà, je sais pas encore, mais j'imagine que ça doit pas changer radicalement.

Pas de champ de lave, juste du sable. Facile de marcher là mais d'une monotonie épouvantable. Au moins au milieu des blocs, ça m'occupait l'esprit. A quoi ressemble telle ou telle forme? Des racailles qui veulent me supplanter,moi le boss de l'Islande, m'ont fauché l'idée du menton des frères Bogdanoff... Ah, ils sont forts les bougres... Il faut que je m'accroche à mon piédestal.

 

Bref, vous l'avez compris, c'est bien bien nul ici, je peux pas lutter pour le moment (heureusement que je possède une vidéo secrète qui va bientôt me rendre mon leadership, Rachel, ne dis rien (de toute façon tu sais rien))

En coupant droit, j'arrive bien quand même de temps en temps à me mettre en galère dans un champ de lave pourri qui me fait regretter le sable.

 Vous savez quoi? le désert, j'en ai plein le c...!!!!

 

Je me suis interdit les pistes, vous le savez, mais bon à un moment donné, c'est une logique complètement con. Demi-heure que je me fais bien c... (oui je suis grossier et je le revendique) dans un bien pourri très pénible quand je vois à moins de 100 mètres passer une boite de conserve sur quatre rondelles en caoutchouc.

N'est ce pas un peu bête comme fonctionnement, hein?

Ne pouvant me résoudre à couper à angle droit pour rejoindre la piste au plus vite, je choisis une direction asymptotique à la dite. l'asymptote est pour le moins quasi parfaite... Je ne rejoins la piste qu'en sortant du champ de lave. Good game!!!

Et là, la piste, franchement, y'en a vraiment pas besoin...

On devine à peine le cours de la Skjalfandafljot. au moins, elle va me changer le idées.

Sauf qu'elle est vraiment pas belle aujourd'hui en comparaison de 2008 où elle était si limpide.

Elle était déjà infranchissable par basses eaux. Ici, ben ce serait un endroit bien sympa pour faire du raft. Euh, non, je vais pas dans cette direction. Ouf, l'honneur est sauf, on pourra pas dire que je me suis dégonflé (ce qui est embêtant en raft, je parle d'expérience, voir essai sur la Vésubie).

Ca n'empêche que c'est l'endroit idéal en cette fin de matinée pour le petit déj (je déjeune toujours quelques heures après mon départ).

Apétissant, non?

Vous voulez la recette? Oui, je le savais... Un jour je vous transmettrai celles de mes spécialités niçoises (absolument pas niçoises d'ailleurs): la tarte aux pommes confites au miel et au romarin ou le tiramisu aux agrumes...

C'est bizarre... tous mes comm hors rando ont trait à la bouffe et à la mort... J'en parlerai à Edwige Antier à mon retour.

Ah oui, la recette. Pour 10 jours (je vous rappelle que c'est mon unité de mesure)... prendre deux kg de lait en poudre entier et deux kg de muesli (un aux fruits rouges et l'autre aux pépites de chocolat)... mélanger énergiquement le tout dans une bassine... conditionner dans 10 sachets ziploc de manière égale et harmonieuse...

sortir du sachet au dernier moment, rajouter plus ou moins d'eau selon vos goûts... mélanger comme vous pouvez (le lait en poudre islandais se dissout beaucoup moins bien que le français)... régalez vous... brossez vous les dents après...

L'endroit est au demeurant quand même assez joli, j'aime bien les confluences entre eau claire et chargée. 

Enfin le pont... je sais que les puristes diront que je n'avais pas le droit de l'utiliser. S'ils savaient toutes les infractions à la règle édictée par Olivier, dite de lutte à la loyale face à la nature que j'ai commises par la suite...ils arrêtteraient tout de suite la lecture de mes aventures rocambolesques (j'y peux rien, ce mot me fait trop rire, je dois le caser une fois par an)

Dès le pont franchi, je quitte la piste et longe la rivière jusqu'à Gjallandi, cascade toujours aussi impressionnante.

Pour ceux qui savent pas encore, je suis gaga des cascades. Vous avez pas fini d'en bouffer lorsque j'aurai quitté le désert. C'est quand même cool ces paysages de flotte après deux jours d'aridité.

Abus de photos et de vidéos... je vous jure que je me retiens... j'en ai beaucoup d'autres sur mes cartes mémoire (il faut un "s" ou pas à mémoire?)

.

Je rencontre au-dessus de la cascade mon premier type depuis Askja. Cycliste venant de Myvatn et descendant vers la côte sud.

Un 4*4 arrive aussi... Les gens ne descendent même pas de la voiture pour admirer la cascade. Moins d'une minute et ils repartent à fond. Etrange comportement je trouve.

 

Désormais plein sud vers Vonarskarð.

Que du bonheur...

Si si, regardez mon sourire (j'ai vraiment un problème d'assiette avec mes horizons).

J'ai surtout très mal à la cheville. Ca ne passe pas du tout, au contraire, à celà s'ajoute un gros mal au ventre. Ce n'est vraiment pas la forme du tout.

Pourtant, il faut que j'avance très fort aujourd'hui. Que je sois à l'entrée dès demain matin de ce que je considère comme la première vraie étape d'anthologie de ce voyage: Vonarskarð.

 

Heureusement, je me rapproche du glacier et je commence à avoir des vues vraiment chouettes. ici Barðarbunga, vilain volcan encore actif planqué sous le Vatnajökull. C'est le deuxième point le plus haut d'Islande (je crois) à 2009 mètres d'altitude.

Objectif du soir, dormir au pied de cette montagne, Valafell.

Mais c'est loin. et quand c'est loin et que tu t'emmerdes, tu chantes...

quoi? des chansons relatives à la marche...

la pire... La Marseillaise... le refrain... Marchons, marchons, qu'un sang impur...

En boucle, ça devient vite pénible, surtout que ça exacerbe ta nationalité françaie, tu t'imagines chargeant drapeau au vent (définitivement absent cette année en Islande), premier homme sur cette terre inconnue pou rplanter le drapeau au sommet de la montagne.

Exaltant mais épuisant... t'es vite démonté et tu laisse passer les autres... après tout on s'en fout un peu... les autres, ce sont des motards qui passent comme des dingues dans un énorme nuage de poussière.

Mais j'ai un autre répertoire, usant lui aussi bien que limité (en fait usant parce que limité...)

Je vous le livre... Bon courage...

Donc si vous en avez d'autres sur le thème je suis preneur pour étoffer ma playlist...

J'espère avoir mis ça dans la tête de quelques marcheurs, histoire de ne plus être le seul à souffrir de ces maux incurables.

 

De temps en temps, n'oublions pas pas sakado et supermap (je vous en fais grâce pour cette fois), un qui me dépèce les bras et l'autre qui me fait fusionner la cervelle (encore que ce soit pas bien compliqué ici).

 

Après avoir chanté le refrain de chacune au moins 100 fois, je m'approche du but. J'ai le moral. Ces deux gros rochers en dessous de la montagne m'interpellent.

Je m'imagine bien dormir juste à leur pied.

Et encore une fois, je sais que demain, je vais taper dans le haut de gamme. Après les oeufs de lump de ces derniers jours, j'attaque le caviar.

Et le paysage en cette fin d'aprèm me plait de plus en plus.

J'ai fait le choix de ne pas monter sur le glacier cette année, je commence à beaucoup le regretter. C'est beau et je sens que ça va me manquer.

L'Islande sans glacier, c'est comme une caisse à outil sans clé de 13 (oui, je travaille à l'usine, excusez les comparaisons)...

Oui, y'a redondance des photos mais j'aime...et puis d'abord le paysage est immuable.

Valafell est maintenant vraiment tout proche.

 Et enfin mes deux cailloux. Celui de droite s'appelle Hniflar (bonjour Hniflar).

De devant, ils sont déjà chouettes, mais alors de derrière, c'est encore beaucoup mieux (je me rappelle d'une copine du temps jadis... c'était un peu pareil...... oui bon, c'est mieux de penser à ça qu'à la mort ou à la bouffe tout le temps).

Impressionnant...

Si un géologue peut m'expliquer le phénomène...

Cette photo est prise à ma verticale...

Bon, pour dormir dessous, je crois que je vais m'abstiendre et me tenir à distance respectable de toute chute intempestive de caillou.

Et puis de toute façon, cest pas plat, caillouteux et la rivière pas très accessible (pas envie de faire d'efforts).

Je m'éloigne donc de quelques dizaines de mètres.

Enfin un bivouac qui a de la gueule depuis Askja...

Je pue, mais je pue... C'est bien simple... Je m'incommode moi même...

Profitons de la rivière et du soleil pour faire un brin de toilette (curieux de connaitre l'éthymologie de cette expression), corps et vêtements...

 

Repas à l'extérieur...

Vers 20h00, un ranger arrive dans son 4*4 monstrueux. Il va jusqu'à Hniflar, regarde sous le rocher puis repart sans même me jeter un regard malgré mon salut avenant.

Qu'est ce qu'il est venu faire??? Ben, regarder sous le rocher, tu l'as dit...

Oui d'accord, mais cherchait il quelqu'un en particulier ou bien est ce une ronde normale?

J'imagine que c'est le genre d'endroit très marrant pour grimper, vraiment spécial et complètement délirant pour se livrer à des activités d'escalade. Mais bon, le rocher semble fragile à la vue de tous les blocs au sol. Certains semblaient s'être décrochés très récemment.

 

Et puis d'abord, on s'en fiche. Il est l'heure d'aller dormir.

Le temps de tirer sur la fermeture de la tente et il se met à pleuvoir. Comme d'hab le soir, c'est ballot pour le séchage des vêtements.

On verra demain... La cheville me lance tellement que je prends un anti-douleur pour essayer de m'endormir.

 

C'est quand même ma troisième journée consécutive à plus de 10 heures de marche. Faudra bientôt calmer le jeu si je veux tenir jusqu'au bout. 

Heureusement que je dors assez bien hors les classiques réveils.

 

la carte...(il manque la partie nord au dessus du pont, j'ai marché tellement longtemps, faut dire).