lundi 18 mai - lac de l'Oriente - too much snow

Publié le par bigfoot

Objectif today, le lac de l'Oriente sur le chemin du Monte Rotondo.

J'ai bien envie de tenter ce sommet, le deuxième de Corse (je crois) et ses 2622 mètres.
Evidemment, la sortie pozzines d'hier m'a montré à quelle altitude on rencontre la neige. L'objectif est donc sans doute trop ambitieux, mais comme la montée se fait plein sud, pourquoi pas.

Donc un premier palier au lac, et là, on fera le point. Je crois que j'ai jamais autant randonné à la one again. Rien de précis, rien de défini... C'est marrant aussi, l'improvisation.

Bon, 6h30, ouverture des barrières du camping, pas pensé à mettre la bagnole dehors. Je ronge mon frein depuis une demi-heure, d'autant plus que j'ai définitivement abandonné les muesli pour le p'tit déj. La montée se commencera le ventre vide. Je vais pas m'arrêter à Corte acheter un pain au chocolat. Perdu assez de temps, non mais...

Go sur la Restonica. A fond, à fond... Personne sur la route. Sauf un troupeau de chèvres avec son berger (la copie conforme de celui d'hier aux pozzines)à qui je demande son avis sur la montée au lac.
- Vas-y, tu verras bien.
- ah, ben merci.
- mais le Rotondo, surtout le tente pas.

Je verrai bien, en effet.

Arrivée au point de départ. Panneau d'interdiction de stationner. Prochaine zone de stationnement à 4km, 
Mais oui, c'est c'làaaaaaaaa.
M'en bati, suis nissart (d'adoption)...Stationnement sous le panneau.

Grosse montée terrible de suite. Pas un lacet, pas un virage, droit dans la forêt.
Heureusement, on longe dans un premier temps le très joli torrent de Timozzo, auprès duquel je m'entraine à prendre des photos de cascades en mode vitesse lente, pour reprendre mon souffle.


Super cannes aujourd'hui. Ca y'est, au delà de la mise en condition des premiers jours.
Par contre, le souffle... arghhhh, pf,pf,pf, pf...pfffffffffffffff...

Fin de la piste, un sentier en lacets maintenant dans une zone à l'aspect plus montagnard mais moins boisée. On s'éloigne du torrent.
Assez joli jusqu'à l'approche des bergeries de Timozzo.


Après les bergeries, je m'étais auto-persuadé que le sentier serait plus facile.
Tu parles, Charles.
Il faut monter maintenant le long d'une crête très large, en lacets très serrés, délaissant le torrent. On domine de très haut la vallée de la Restonica, Corte dans la brume de chaleur au loin.
Là, c'est rude, c'est pas beau et le sentier mal marqué zigzague dans les kékés bien piquants, en plein cagnard, couvert de la poussière des aulnes.
Depuis trois jours, c'est vraiment la zone la moins chouette que je croise.

Enfin, la bascule de l'autre côté, redescend un moment jusqu'à enfin rejoindre de nouveau le ruisseau à la hauteur de la source de Triggione. Ben là, grosse surprise.
En effet, j'ai beau être en versant sud, tout le vallon est sous la neige. Même l'accès au lac risque à être coton.
On va peut être pas envisager de traverser le torrent à cet endroit. Ca débite plutôt fort ici.
Donc option les névés de la rive gauche.
Et la pente est très raide, comme partout ici. Y'a pas intérêt à se louper. L'atterrissage en bas serait plus que brutal.
Même si la neige est plutôt molle, je décide de chausser les crampons, moins par sécurité que pour le plaisir de les remettre pour la première fois depuis l'été dernier en Islande. Ils ne me serviront pas à grand chose ici, au moins l'effet placebo de la sécurité.
Ce qui est sûr, comme quoi tous les essais servent toujours à quelque chose, c'est que mon piolet est beaucoup trop court pour m'aider à progresser confortablement. Il doit manquer dix centimètres (il a qu'à boire de l'eau corse, ahahah (quand j'ai une c... en tête)).
La montée est très agréable. Au moins la neige couvre le maquis.
Un p'tit peu impressionnante aussi (photo du 2nd tronçon, environ 100m de déniv)


Arrivée au lac. Magnifique, mais là aussi, beaucoup de neige. Les pozzines qui en font sa réputation de beauté complètement sous la neige. La moitié du lac encore sous la glace.


Monter au Rotondo, euh, je crois que je vais écouter le berger de ce matin. On devine en plus des coulées récentes. Non, ce serait pas raisonnable de tenter l'ascension. 1000 m de déniv, c'est correct quand même.

Alors on va joindre l'utile à l'agréable: la sieste.
Torse nu pour essayer de récupérer le bronzage paysan qui est en train de se dessiner sur mon corps d'athlète.
Faudrait que je mette des manchons sur les bras pour que la couleur du torse rattrappe celle des bras. Mais, deviendrais-je raffiné moi avec l'âge? C'est bien la première fois que j'ai ce genre d'idées. Faut dire que jeudi peut-être...(mais chut)


Après avoir râlé après les traces nauséabondes laissées par mes prédecesseurs à même pas deux mètres du bord de l'eau (une honte...connards... irrespect total de la nature et des gens qui passent après vous), je trouve un coin bien sympa pour prendre moultes clichés.


Il est où le bourdon de la photo précédente?





Maintenant que j'ai bien crâmé, il est temps de redescendre par le même chemin.

Presqu'accident vers les bergeries.
Ca fait un moment que je trébuche dans les ronces, signe que je commence à fatiguer.
Je le sais. Généralement, je fais un break dans ces cas là, mais comme c'est pas très beau, je veux aller plus loin rejoindre le ruisseau sous les arbres à une petite heure de là.
Pourtant, alerte 1. Un tout petit névé de 10 mètres. Je vais m'amuser à glisser dessus plutot que de marcher dans les épines.
Descente peinard en chasse neige. C'est rigolo. A 20 cm de la fin, je passe à travers. Les pied  bloqués dans la neige, je bascule cul par dessus tête et grosse gamelle la tête la première dans les fameuses épines.  Belle entaille sur le genou, grand écart qui me déboite le bassin et moultes épines dans les paumes des mains. Ouille Ouille Ouille.

Pas d'alerte deux. Je veux aller droit sur les bergeries. Sentier quasi inexistant tracé par les chèvres. Je trébuche. Rebascule à plat ventre, mais là, je cogne très fort le tibia contre une pierre. La douleur fuse instantanément. Atroce. D'instinct, je pense que je me suis cassé le tibia.
Je me relève aussitôt, la jambe plie pas. Ouf, non, c'est bon.
C'est juste le gros choc contre l'os du tibia. La blessure du footballeur (ou du caddie pourri de chez carrouf avec la barre à hauteur des tibias). Ca saigne pas mal, le blanc de la chair apparent. La douleur lancinante qui passe pas. P'tain, je me suis pas loupé.
Tu t'arrêteras la prochaine fois, Gary, quand tu sentiras les signes de fatigue. Tu le sais pourtant.

Une petite prière à la vierge pour la remercier de pas rigoler de ma stupidité à la bergerie.

Je me nettoie bien la plaie en arrivant au torrent. L'eau fraiche fait un bien fou.
Et fin de la descente avec de nouvelles tentatives de prises de jolies photos de cascades sous des vitesses de prise de vue différentes.


Retour donc à la voiture. Assez tôt encore, j'ai bien envie de monter à Grotelle pour aller voir les lacs de Mélo et Capitello. On m'a dit à Corte qu'ils étaient encore partiellement gelés. Ils doivent donc être particulièrement beaux en ce moment.

Grotelle: on se croirait en plein mois d'aout. Le parking blindé. De la poussière, le bruit des voitures, les gens qui gueulent à tue-tête.
Je prends sur moi. Mes vacances en zen attitude. Mmmmmmmmmmmmm. Je vais aller m'enfiler une Pietra dans le bistrot du parking, histoire de marquer un palier de décompression avant de me lancer à l'assaut des lacs. Le gars qui tient le bistrot, un vieux Corse antediluvien, est d'ordinaire sympa. Aujourd'hui, avec trois autres potes édentés, il parle Corse. On le sent gavé par le bruit et la foule (je sais qu'il passe généralement l'hiver tout seul en haut de la Restonica). Il a du mal à faire front à la horde des pinzu. Je le comprends. Ca beugle à tout va. Pas contents parce que ça va pas assez vite, que c'est trop cher, qu'il fait trop chaud ou je ne sais.
Ma misanthropie reprend le dessus. Je connais mes limites à l'encontre de la foule.
Tous avec le quechua tout neuf dernier cri acheté il y'a une semaine qui repartira dans la penderie au retour des vacances. Harnachés comme pour tenter le kilimandjaro. La horde des blondins rougis par une demi-journée de  soleil. L'odeur de transpiration de mes concitoyens (la mienne me gêne moins), tous ces accents différents du nord de la France bruyants auxquels je suis pas habitué, plus quelques Italiens et allemands non moins excités.
La mauvaise humeur en train de prendre le dessus, le cri qui tue en train de monter dans ma gorge, un mal de tête énorme  qui me vrille soudain le cerveau. La grosse crise de claustrophobie soudaine.

Je m'échappe, je pars en courant.

Dommage, mais c'est au dessus de mes forces (ça ressemble à une soirée au Jazz rock café). Pourtant, que la montagne est belle (lalalala). Les cascades tombent de partout. C'est un pur régal visuel. C'est normal que le monde vienne se rincer l'oeil ici. C'est si beau... Mais pourquoi faut il qu'ils gueulent tous?

Je trouve beaucoup plus bas un endroit vraiment tranquille au bord de la Restonica (encore une fois des connards ont c... juste au bord de l'eau. y'a des coups de bazookas qui se perdent).

Lecture, cacahuètes, palets roudor, sieste.



Bon, 17h00, il est l'heure de se rapprocher du départ de l'aventure de demain.
Sauf que je sais pas encore ce que je vais faire. Alors forcément...
En attendant, la vidéo récap habituelle.




Route pour le col de Vergio. Jusque là, ça va. Il me reste pas mal d'options.
Magnifique montée par la scala santa regina.

Col de Vergio, point de départ pour de multiples tours dans le massif du Cinto. Je sais désormais que la neige est en abondance en Haute-Corse. Grosse envie de tenter le mythique Capu Tafonatu, mais envie aussi de voir la mer.
J' vous jureeeeeee... Le type, il est pas net.
Et puis pourquoi pas faire forcer un peu les bras après les jambes?
Mais bon, je suis au col. Ce serait logique de continuer la montagne.
Oui, mais j'ai une voiture, et avec une voiture, je suis capable de faire n'importe quoi. Donc descente à Porto ce soir pour rando kayak demain.

19h30. Arrivée au camping municipal de Porto.
Je cherche un loueur de kayak. Angoisse, y'en a qu'un et son stand n'a pas l'air encore ouvert pour la saison. Y'a deux misérables kayaks qui trainent au milieu de la poussière.
Un appel chez le gars tombe sur un répondeur.
Si jamais demain, y'a pas de kayaks, c'est la grosse crise de nerfs assurée.

Bon pour se calmer... un fabuleux coucher de soleil.




Porto, ah Porto.
Après Grotelle et la Restonica, Porto, et pourquoi pas Porto vecchio et Bonifacio tant que j'y suis?
Je ne suis pas sûr qu'il y'ait une seule maison à usage d'habitation dans la marina.
Hôtels et resto de partout.
Du bruit, du bruit, du bruit. Insupportable. Ca déborde de bidochons. Je sais que je deviens vite très intolérant et très con au contact de trop de mes semblables.
Il me vient une citation d'Enstein:
"Est ce que c'est moi qui suis fou ou bien est que ce sont les autres?"


Pourtant, maintenant que je suis au bord de mer, j'ai bien envie de poisson. Mais là, non je peux pas.
Un souvenir olfactif vieux de plus de dix ans me revient aussitôt.
Porto sent le poisson grillé et le pressing.

Je préfère rentrer au camping manger ma paella lyophilisée.
Et l'angoisse demain matin de ne pas trouver de kayak à louer.



Publié dans corse

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