08/08: Landmannalaugar (Brandsgil- Skalli- Hamragil)
Les volcans en Islande ont mauvaise réputation depuis quelques mois... Il paraîtrait qu'ils crachent des cendres...
Aujourd'hui, je peux témoigner... c'est faux... ils crachent des arcs-en-ciel...
Commençons par le début...
Qui commence exactement comme hier a fini.
Deux de mes gais-lurons aquatiques partent sur mes conseils forcément avisés (pas avinés) à l'assaut de Blahnukur en attendant de prendre le bus de 15 heures pour Skaftafell. Le troisième (dont je ne citerai pas le nom, eut égard à son honneur), qui a laissé un genou au fond de la Þronga (qu'est ce qu'elle aura fait comme dégâts, cette petite rivière anodine,cf mon récit 2009) reste à quai avec moi dans ce campement que je commence à exécrer. On s'abreuve de café en attendant que le mauvais temps veuille bien nous lasser un peu de répit.
A force de filer 250krs par café, je deviens super pote avec le gardien du temple, je veux dire le gérant du bus magique. On essaie de discuter un moment mais l'affluence est continue dans le bus. Je trouve que proportionnellement à carrouf, il est beaucoup plus fréquenté, toujours en heure de pointe.
Je prends la décision quelle que soit la météo de me tirer en milieu d'aprèm après qu'ils aient pris le bus. Je suis de toute façon assez confiant sur la suite de la journée. Temps dégueu mais je continue à être sûr qu'après trois jours mauvais, ça va basculer.
Ah ça, pour basculer, ça a basculé, un truc incroyable...
En attendant, quand ils reviennent vers midi,, ils vont plonger dans la piscine, j'en n'ai pas trop envie de prime abord, mais à les voir patauger dans l'eau chaude et moi à rester sur la rive comme un gland avec polaire, parka et bonnet, je me dis que j'ai une bonne tête de vainqueur à les regarder faire des bulles... Donc illico je les rejoins jusqu'à 14 heures...
Je boucle ensuite tout le matos sous la pluie... Le sac est bouclé avec quatre jours d'autonomie de bouffe (je pars pour moins mais comme jai trop à manger, je vais essayer de m'empiffrer)... Dernier café avec mes nouveaux copains, eux prennent donc le bus de 15h00.
A noter que le pire moment de la journée à Landmannalaugar se situe entre 12h et 15h avec l'arrivée du bus de Reykjavik. Tout à coup, une meute compacte investit le camp, une sorte d'essaim grégaire indivisible. C'est assez intrusif pour ceux qui sont là depuis la veille et/ou qui sont se le sont pelés à pied pour venir jusque là, style moi dans mon grand camion blanc personnel.
L'itinéraire de l'essaim que j'ai pu observer deux jours d'affilée est invariablement le même (sous la pluie).
1/ courir jusqu'au bâtiment douches/toilettes/cuisine se mettre à l'abri. C'est clair qu'après 3 heures dans la chaleur du bus, le choc doit être violent.
2/ regarder les cartes et bâtiments au plus près et faire des commentaires des plus pertinents. D'ailleurs à ce propos, je viens de comprendre pourquoi il nous semble que les français sont les voyageurs les plus désagréables au monde. C'est parce qu'ils parlent français et qu'on comprend tout ce qu'ils disent et donc ne participant pas à leur délire, il nous semble n'entendre que des inepties grotesques. Comme on comprend pas ou mal les autres langues, on reste indifférents aux commentaires de nos petits copains étrangers, donc ils nous paraissent beaucoup plus sensés, alors qu'ils doivent débiter les mêmes conneries (euh...je ne revendique pas l'intelligence et le savoir, en face, ils doivent penser la même chose de moi, échange de bons procédés cordiaux et fraternels)... cqfd... Quel psychologue fin, ce bigfoot, moi je dis...
Tiens, autre remarque..., comme il est simple en voyage d'ouvrir le dialogue avec les autres... un truc de dingue, il sffit d'approcher des gens et d'ouvrir la bouche pour dire n'importe quoi... et le pire, c'est que ça marche, on te répond généralement avec le sourire... c'est pas un truc de fou, ça?... pourquoi cette attitude n'est elle plus de mise quand on est de retour à la vraie vie (si on peut parler de vraie vie pour notre quotidien... lire à ce sujet Thoreau: "walden ou la vie dans les bois")?
quel philosophe subtil, ce bigfoot, moi je dis...
3/ euh, j'ai perdu le fil...
ah oui, s'approcher de la piscine, et là, toi baigneur depuis le matin, t'as l'air d'un bon crétin sous les flashes qui te crépitent dans la gueule.
4/ c'est là que la ruche se divise en deux parties égales, les frileux et les pas frileux.
Tout le monde retourne au "vestiaire". Les uns se mettent en maillot de bain et nous rejoignent dans la piscine à force de cris, de bousculades et autres aimableries infernales qui t'incitent à te barrer.
Les autres, les frileux, prennent les photos des incroyables courageux qui ont bravé les terribles rigueurs du climat islandais en été.
Bien sûr, il faut que les deux camps échangent leurs impressions. Mais c'est pas simple, il y'a 5 mètres entre les deux groupes, donc il faut parler fort. et comme ça jacte dans toutes les langues, il faut couvrir ces gros cons d'étrangers qui savent pas se tenir... C'est la tour de babel, généralement à forte tonalité latine, français évidemment (cette année, le gouvernement a dû se gourrer avec ses quotas d'expulsions et a dû virer des milliers de français en Islande par flottes de charters entiers), espagnol et italien...
Faut être patient, ça ne dure pas en général et puis d'abord entre 12 et 15, t'as autre chose à faire que de te baigner dans la piscine à Landmannalaugar.
5/ ceux qui sont au bord de l'eau saturent en général assez vite du spectacle de leurs copains dans l'eau. D'abord, ils ont l'air cons et ensuite ils se pêlent sans bouger sous la pluie et le vent donc ils vont tous au bus acheter un café (qui forcément ne sera pas assez noir, et les pommes pas assez mûres, et le choix à l'étalage trop réduit, etc... et puis c'est du vol...bref, tous les poncifs habituels).
6/ c'est l'heure du bus, tout le mond ese pécipite au cas où on leur aurait fauché la place.
ouf... fermez le ban...
Ahhh, je retrouve la forme... je redeviens sociopathe...
Et ben, pour un article sur l'endroit le plus beau du monde, ça manque de photos... Oui, mais bon, il pleut à seaux, c'est pour vous faire patienter jusqu'à mon départ...
15h00 pile... Bye à mes potes... Je chausse le sac à dos, déplie les bâtons et commence à marcher vers mon destin. Je suis sur la butte derrière le bus magique, prêt à basculer vers mon destin (oui, j'ai parfois le style empesé du héros qui marche vers la gloire (mais ça, c'est pour plus tard quand on parle de moi dans le journal)).
Mes blagues ne font sans doute rire que moi et les gens qui savent le fin mot de l'histoire (patientez, les autres, c'est pour le 14/08 si je me rappelle bien)
Je me retourne une dernière fois, genre "morituri te salutant" (Igor, traduction?) que je vois apparaitre franchissant le gué un énorme camion blanc au milieu de lilliputiens 4*4, style Queen Mary rentrant dans le port de Loctudy.
Cédric et Elyane... Quel plaisir de les revoir. C'est vrai que j'avais le secret espoir de passer du temps avec eux à refaire le monde, l'Islande en tout cas, dans le bain au clair de lune.
Mais c'est trop tard maintenant pour rester. Il faut que je parte. On se salue brièvement. Peut être seront ils encore là quand je reviendrai dans deux jours. Peut être seulement, aucune certitude...
En partant pour de vrai cette fois, j'envoie un salut bravache à un des rangers qui m'a mis en garde contre mes projets. On peut être vraiment con des fois quand on se sent si sûr de sa force... Vilainement prétentieux.
Le temps de cette discussion et les nuages se sont dispersés, la pluie cessée et le vent calmé... Un grand ciel bleu incroyable en moins de 5 minutes. La chance est avec moi. Profite... Profite... Qu'est ce que j'ai profité... Pour avoir profité, j'ai vraiment profité... Inoubliable...
J'ai beaucoup écrit alors qu'il ne se passait strictement rien pendat une dmi-journée. C'est fou comme les rapports humains sont riches finalement.
Maintenant qu'on rentre dans l'irréel, dans le délire visuel le plus absolu, je n 'ai plus trop rien à raconter.
Ici, le bon Dieu devait construire un truc. Il s'est cassé la figure avec sa brouette. Ca l'a gonflé de tout ramasser et de trier les matériaux renversés, alors il a tout laissé à l'abandon et est parti un peu plus loin (construire la cathédrale de Reykjavik par exemple) en laissant faire la nature avec ses décombres. Arriverait ce qui arriverait.
Et c'est arrivé...
Ici, la notion de beau n'est plus la même. Il faut régler la hausse beaucoup plus haut.
Ce qui est beau dans le Landmannalaugar devient insignifiant, n'attire même plus l'oeil. Pour t'émouvoir, les paysages doivent devenir exceptionnels au milieu de tant de beauté. On perd toute relativité, toute objectivité quant à notre jugement de valeur sur cette beauté.
J'ai pris mes pas en photo dans le désert des dizaines de fois. Je trouvais ça beau... J'ai pris des coulées de lave à tire-larigot. je trouvais ça beau...
Quand je fais une comparaison quantitative de mes clichés, j'en ai pris moins ici qu'ailleurs. Pourquoi? Je pense que les paysages me paraissaient fade dans le Landmannalaugar, jamais réhaussés par la "médiocrité" de l'environnement autour. Ca ne valait pas les clichés, ça ne sortait pas de "l'ordinaire" contrairement au désert où les spots photogéniques tranchaient nettement avec le reste. Ici, où que l'on regarde, on est fasciné par le spectacle, les yeux n'arrivent pas à mettre au point.
C'est vrai que je fais une fixette sur l'Islande depuis quelques années maintenant et que je n'ai pas élargi mon horizon au reste du monde mais je pense que c'est sans doute l'un des endroits les plus marquants qu'il puisse exister dans le monde.
Je n'arrive pas à trier, c'est trop dur... Il va y'avoir dans les images des trois jours à venir beaucoup de redondance. Désolé, je n'ai pas la foi d'éliminer trop de photos de mon récit.
A chaque fois que j'ouvre une photo et je les ai déjà regardées des dizaines de fois, je suis pris de la même émotion, du même effet de surprise...
Euh...que m'arrive t'il? je sociabilise et maintenant je sensibilise... Il est vraiment temps que je me ressaisisse (tiens, il y'a plus de "s" que dans mississipi)
Contourner Blahnukur et rentrer dans Brandsgil (gil=canyon) comme décidé hier en haut du dit Blahnukur.
A droite de la prmière colline. Derrière, c'est la jokulgil.
Ca y'est, on y'est Brandsgil... à partir de maintenant, les choses sérieuses commencent... il devrait y'avoir beaucoup moins de monde.
Tout de suite le décor devient sévère et vous savez maintenant que j'ai une attirance particulière pour le très minéral. Si à ça on ajoute l'aspect montagne qui manquait dans le désert, je suis comblé.
Vers l'aval de la gorge, personne qui me suit, ça va...
Partir à 15h00 quand même c'est limite... mais au moins je suis au sec
Marcher jusqu'à la confluence du ravin principal avec Litla-Brandsgil que je veux remonter.
La "porte d'entrée" a un je ne sais quoi d'impressionnant... La sensation qu'elle va se refermer derrière toi, que tu pénètres dans un monde sans retour possible. Ce que je sais aujourd'hui, c'est que l'on en ressort pas indemne.
Adieu royaume des mortels, je longe le Styx...j'aurais pu faire seigneur des anneaux aussi, ça aurait été plus approprié peut être... Adieu royaume des hommes libres de l'ouest, je prends le passage sous la montagne de Dimholt (je fais le mariole mais j'ai oublié soudain le nom de toutes les rivières de Tolkien)
3...2...
...1...0... C'est parti...
Ah... Litla-Brandsgil... Ca commence dans une gorge pas très resserrée. Petit torrent tranquille serpentant dans les cailloux...
Surprise, il s'ouvre assez rapidement. Les parois qui l'entourent s'abaissent mais le lit s'encaisse pourtantetil est difficile de marcher près de l'eau. Autre surprise, je ne m'attendais pas à trouver autant de pelouse si tôt.
Sous la surveillace des trolls, je remonte assez vite. J'ai une forme incroyable après cette journée et demi de farniente. Juste ma cheville qui me travaille de nouveau.
Les vues arrière sur Blahnukur sont somptueuses avec le contraste des couleurs (on devine à peine les gens au sommet).
Les parois sont désormais toutes tapissées de vert. Je suis un peu déçu. J'avais vraiment envie d'être dans les ryolithes caractéristiques du Landmannalaugar. Ce n'est peut être pas le meilleur chemin que j'ai choisi. En tout cas, niveau originalité, j'ai l'impression que je suis l'un des rares à le remonter. Les traces de pas que je rencontrais au début ont maintenant complètement disparu.
Encore un regard vers l'aval. Ah ben, ça se referme pas mal quand même.
Le tout, c'est qu'il n'y ait pas de cascades pour me bloquer avant d'arriver à la tête du canyon.
Nouveau resserement... nouvelles couleurs... ça commence à sentir les collines recherchées avec impatience.
De plein sud, le vallon oblique au sud ouest et devient tout à coup très sauvage (déjà que c'était pas mal avant...), limite oppressant.
Pour le coup, je sens que la cascade, je vais pas y'échapper. De nombreux petits ressauts me gênent déjà dans la progression.
Multiplication des éboulis. Je suis maintenant dans le dur. Il m'aura fallu moins de deux heures depuis le départ pour rencontrer les premières difficultés (si j'avais su la suite...)
Ca sent le pâté, mon histoire...
Et finalement, confirmation... Le passage est interdit par une cascade de 5 mètres de haut.
En principe, j'aime bien, mais pas ici quand elles te plombent le trajet.
Mais le bigfoot n'est pas dénué de ressources. J'ai repéré à main droite un petit vallon très raide d'où s'écoule un tout petit ruisseau.
Je vais tenter de rattrapper les crêtes par là.
Et ça marche, même si je dois mettre les mains pour réussir à me hisser dans les parties les plus dures.
A la sortie, il y'a de nombreux vallonnements herbeux qui amènent sur une sorte de plateau. Pour y'accéder, je décide de suivre des traces de mouton. S'ils ont pu venir là, c'est que de par le haut et je n'en connais pas encore qui se soient mis à la varape.
Je suis trop fort... quelle logique, quelle capacité de raisonnement dans le feu de l'action, garder la tête froide en situation critique et tout et tout... bon, on en reparlera plus tard...
En fait, je me retrouve tout bêtement sur un sentier balisé, celui qui mène à Skalli et il est certainement beaucoup plus intéressant que le chemin scabreux que j'ai pris.
Quelle vue de là haut... le délire va pas tarder... Une première série de l'ensemble...
Et ce trou dans le glacier... Comment le qualifier?... au minimum d'étrange... avec ces solfatares devant (programme de deman).
Il est temps de basculer dans l'incroyablement beau...
Ce trou, vous avez pas fini de le voir. Ca m'a tellement marqué. la zone de fumerolles, c'est Hauhverir.
Tiens, faisait pas si beau que ça... c'est fou l'altération des souvenirs et la déformation avec les émotions.
Descente pour le moins raide le long des crêtes et le fond des vallons hors sentier total.
Je peux pas choisir, désolé (et les photos sont sur le blog en résolution d'écran... imaginez des couleurs beaucoup plus vives)
Et encore une de mon p'tit trou...
Un p'tit pano (j'en n'ai pas fait beaucoup cette année)
Série de photos de la descente... couleurs, contrastes, ombres... j'espère que la somme ne va pas tuer la beauté du site que je veux dévoiler
Le vallon principal que j'ai utilisé pour descendre... rapide mais pas marrant...
Reprise... le glacier en fond est le Torfajökull... Notez la crête juste au dessus des montagnes bleues à côté de la cascade. L'action se situera par là dans deux jours. Ben oui, j'ai pas trop avancé...
Une fois en bas...
Je crois que c'est encore plus hallucinant...
Je vis un rêve éveillé. Je savais à quoi m'attendre, mais une fois devant le bidule, c'est encore plus fabuleux que le meilleur à quoi tu pouvais t'attendre.
Si j'osais la comparaison... J'ose?
J'ose (et ça remplit les lignes entres les photos pour faire des transitions moins brutales)...
...C'est comme se retrouver pour la première fois au lit avec une femme que tu convoites depuis longtemps. Tu imagines bien comment elle sera sous ses vêtements, ça fait un moment que tu fantasmes et que tu l'envisages mais tu seras toujours surpris et émerveillé par ses courbes et sa douceur (certains esprits chagrins me répondront évidemement: pas toujours ... racailles, va, vous avez aucun sens esthétique, aucune délicatesse)...
Par cet itinéraire totalement novateur et farfelu (y'a des mots comme ça que j'aime... farfelu et rocambolesque lesquels vont bien ensemble généralement), me voici en haut de la vallée de la Jokulgil sans avoir eu à me mouiller les pieds une fois (par contre j'ai beaucoup transpiré).
Surprise totale au débouché dans la jokulgil, une tente est plantée au beau milieu de nulle part (qu'est ce qu'elle est con cette expression (pas envie de développer maintenant, l'article devient long et on n'est pas encore couché).
Deux allemands que je rencontre un peu plus loin sont partis ce matin de Landmannalaugar et ont remonté dans le cours de la Jokulgil sous la pluie pour s'arrêter bivouaquer là. Y'a définitivement plus taré que moi (et ça j'aime pas)...
C'est ballot, c'est précisément là que je voulais m'arrêter. C'est trop beau... Suffit d'être patient me direz vous... Ca, c'est pour demain soir...Ah non décidément, j'ai pas beaucoup avancé.
Bref, remonter un peu la vallée...
Pas retouché les couleurs. Juste le soleil de 19h00 qui commence à devenir rasant.
Existe t-il plus belle montagne au monde, sans parler d'altitude? Même mon Uxatindar préféré est détrôné... Hnausar...
Pour le première fois, j'en veux un peu à Mika, lui toujours de si bon conseil... il m'avait dit que la Jokulgil était inintéressante à descendre en bâteau. Avec la pluie de ces trois derniers jours, le torrent est vraiment gonflé et j'imagine que ça doit être un pied total de le caler au milieu de ces couleurs incroyables.
D'un autre côté, si j'avais descendu la Jokulgil en bâteau, je n'aurais pas profité des jours suivants dans cette zone. No regret donc... Mika, t'as du bol, j'te jure...
Bon, et puis en terme de bâteau, on n'a pas les mêmes considérations... Moi, je suis juste contemplatif, je contourne les rapides, alors que toi tu y fonces droit dedans...
J'avais pas vu beaucoup d'orgues depuis mon départ,un peu sur la Kaldakvisl, mais celles là sont absolument fantastiques.
Il est désormais l'heure de s'arrêter après 5 heures de marche non stop.
Moi qui ai tendance à m'arrêter souvent quand j'aime un endroit... ici c'est différent, tu veux tout voir, tu peux pas t'arrêter, tu peux pas perdre de temps. Toute minute perdue t'empêchera de découvrir un nouveau spot démentiel.
Never stop, always walking...
...sauf pour dormir...
Franchir au moins une fois la Jokulgil, son bras nord, Hamragil qui reste quand même costaude même délestée de la branche sud, la Kaldaklof (celle-là aussi, on en reparlera demain, la fourbe).
J'ai repéré une étendue gazonnée juste derrière le gué pour planter la tente. J'ai la flemme d'enlever les godasses. Pour la première fois en quatre ans d'islande, je traverse un gué en gardant les grosses chaussures... Si ça,c 'est pas un signe de fatigue... J'ai du bol, les chaussures sont tellement serrées qu'il ne pénètre que très peu d'eau.
Je bivouaque un peu plus loin que prévu because je tombe sur la carcasse d'un cadavre de mouton.
Même ici, au pays magique, vie et mort ...
La montagne de gauche s'appelle Hattur... ce qui signifie "chapeau"... Allez savoir pourquoi...
Je n'ai eu, hormis Vonarskarð, que des bivouacs moyens... Je vous jure que celui là va compenser les moches que j'ai passés dans les marécages.
Tout posé par terre dans l'herbe pour prendre l'air et sécher un petit peu après l'accumulation d'humidité suite aux trois jours de pluie.
Bon petit repas gargantuesque...
Petite promenade digestive...
Lumières vespérales...
Je l'avais oubliée celle là.... pffff... Qu'est ce que je la trouve belle...
Au bord de la fourbe Kaldaklof, beaucoup moins sympa qu'elle n'y parait donc (demain)
Je revêtis la doudoune, le bonnet, les gants et vais ma planter sur un rocher en surplomb pour regarder le feu d'artifice final du coucher de soleil. Je n'en ai pas encore vu depuis que je suis en Islande cette année (d'ailleurs à y bien penser, quand je suis sur d'aussi longs trekkings, je ne vois jamais les couchers de soleil, je m'endors toujours avant).
un volcan rentre alors en éruption...
il crache dans le ciel un immense arc-en ciel...
Il reste longtemps dans le ciel... Je n'avais jamais vu ça auparavant mais c'est sans doute aussi la première fois que j'observe un arc-en-ciel aussi longtemps... Les couleurs changent... Le rouge domine au bout de quelques minutes toutes les autres couleurs...
Quelle journée... Incroyable... Que d'émotions en aussi peu de temps...
Bonne nuit avec le coucher du soleil (le seul que j'aurai pris en photo...)
Des levers, j'en ai vu d'autes par contre mais franchement, vous comprendrez pourquoi je ne les ai pas photographiés bientôt.
Un troll veille sur moi... Je peux dormir tranquille... sauf pour mes deux pauses de 22h00 et 02h00 pénibles mais indispensables toujours sans fait notable à relater (oui, je sais que je deviens pénible à toujours les rappeler mais ça a une importance capitale pour la suite... c'est pour le suspense)
la carte...